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samedi 30 octobre 2010

Un Pasteurien au Viet Nam

Il y a quelques jours c'était la fête de la Science, et lors d'une visite au Centre Culturel Français d'Hanoi, je photographiais cette affiche déjà ancienne.



Au centre y figure le portrait d'Alexandre Yersin, dont le nom a été donné au Lycée français de la capitale.

Avant ce voyage, je connaissais de nom le découvreur du bacille de la peste. Mais c'est à Nha Trang que j'ai découvert la vie passionnante de ce Français d'origine suisse, dans un petit musée installé dans ce qui fut son bureau à l'Institut Pasteur, dont il fut le fondateur.

 
J'ai beaucoup d'admiration pour le travail de ceux que l'on appelle les "Pasteuriens", qui, d'abord autour de Louis Pasteur (1822-1895), puis jusqu'à aujourd'hui ont travaillé sur la découverte des "microbes", l'étude des maladies qu'ils causaient et les moyens de les combattre à travers vaccins et sérums.


Les plus anciens furent des pionniers à plus d'un titre, et c'est ce que j'ai découvert pour Alexandre Yersin, qui ne fut pas seulement un scientifique éclairé mais aussi un explorateur et un entrepreneur dans cette Indochine coloniale de la fin du XIXème et du début du XXème.

Né en Suisse en 1863, il y fait ses études, plutôt bon élève comme le montre ce bulletin photographié dans l'une des vitrines du musée.


A 23 ans, étudiant en médecine à Paris, Emile Roux (1853-1933), bras droit de Louis Pasteur (1822-1895), le fait entrer au laboratoire de ce dernier. Yersin collabore aux essais de vaccination contre la rage, avant de travailler avec Roux sur la toxine diphtérique.


A 27 ans, il quitte l'Institut Pasteur pour devenir médecin à bord des bateaux des Messageries Maritimes de la ligne Saigon-Manille. Mais un an plus tard, il se met en congé et s'installe en Indochine, où il rencontre Albert Calmette (1863-1933) qui a fondé à Saigon l'Institut Pasteur.


La côte près de Nha Trang, avec ses typiques 
bateaux-paniers, telle que dut la découvrir Yersin.

Mais il se met en congé pour organiser trois expéditions d'exploration chez les Moïs, une ethnie des plateaux du centre Viet Nam.


Carte et photo réalisées par Yersin.












Cependant en 1894, à la demande du gouvernement français et de l'Institut Pasteur, il accepte une mission d'étude à Hong-Kong, où fait rage une dramatique épidémie de peste.

Lieux où sévit la peste entre 1894 et 1904.

Il isole alors le micro-organisme responsable de la maladie et souligne le rôle important que jouent les rats dans sa propagation.


Le vecteur précis de la maladie est la puce du rat, dont l'intervention fut établie en 1898 par Paul Simond, comme le relate ce panneau du musée Yersin.



De retour à Paris en 1895, Yersin travaille avec Calmette à l'élaboration d'un sérum pour soigner les pestiférés.


La même année, il obtient de repartir au Viet Nam et s'installe à Nha Trang, lieu pour lequel il avait eu un coup de foudre lors de son premier séjour.



Le port de Nha Trang.
Il y ouvre un petit laboratoire, qui deviendra en 1905, l'institut Pasteur de Nha Trang.

Il y travaille sur les maladies du bétail en Indochine.

En 1899, il introduit l'hévéa dans le pays afin de produire du latex. La première récolte est achetée par Michelin, cinq ans plus tard.

                                           
En 1915, c'est encore lui qui introduit en Indochine des spécimens d'arbres produisant la quinine, base du traitement contre le paludisme.

Les années suivantes verront Yersin occuper des postes de responsabilités médicale et scientifique, toujours en relation avec les Instituts Pasteur de France et d'Asie, jusqu'à sa mort qui survint en 1943.

J'ai été frappé de la reconnaissance de tous les Vietnamiens, simples citoyens ou autorités, pour l'oeuvre d'Alexandre Yersin et de tous les Pasteuriens. En effet, après la victoire communiste en 1975, toutes les rues qui avaient des noms français furent rebaptisées du nom des héros et héroïnes de la lutte anticoloniale, à l'exception de celles portant le nom des "bienfaiteurs" en matière de santé.


Maquette offerte à A. Yersin par des pêcheurs de Nha Trang.










Distinction honorifique attribuée 
par l'Empereur d'Annam à Yersin 
en 1933.
Deux rues de Saigon - Ho Chi Minh Ville


A l'entrée du musée de Nha Trang.

mercredi 20 octobre 2010

10/10/10 - 1000 ans d'Hanoi

Dimanche 10 octobre, la capitale du Viêt Nam fêtait ses 1000 ans.




En 1010,  Ly Thai Tô décide le transfert de la capitale de son royaume dans un méandre du Fleuve Rouge :  Ha Noi, d'abord dénommée Thang Long, était née.





La dynastie des Ly fut à l'origine de l'unification et du développement économique et culturel de la civilisation Viêt, qui prospéra durant 500 ans : c'est ainsi que fut créer à Ha Noi, la première université du pays.

 Le Temple de la Littérature à Ha Noi

Quand on entend Viêt Nam, beaucoup pensent "guerres". Dans les 60 dernières années, deux conflits ont affecté le pays : le premier contre les colonisateurs français (1946-1954, la guerre d'Indochine), puis un second contre les occupants américains (1959-1975).














Images de la guerre,
exposition devant l'Opéra 
d'Ho Chi Minh Ville, ex-Saigon



Ces périodes récentes font oublier que le Viêt Nam a une histoire militaire très ancienne, souvent due aux visées des empereurs chinois sur le territoire de son voisin du sud (le dernier conflit avec la Chine date de 1989 !).

 Musée d'Histoire d'Ho Chi Minh Ville

Cette donnée permet de mieux comprendre pourquoi s'affichent partout à travers le pays, et particulièrement en cette période de commémoration, le patriotisme et le culte des héros, dont celui de l'ancien leader Ho Chi Minh (1890 - 1969), toujours mis en avant par le pouvoir contrôlé par le Parti Communiste Vietnamien. En voici quelques exemples en images.

 Panneau à la gloire d'Ho Chi Minh

 Devant le Musée de l'Aviation


 Musée des Femmes Vietnamiennes à Hanoi

      Préparatifs de la commémoration           Vendeuse de souvenirs patriotiques

1000 lanternes dans un parc d'Ha Noi

dimanche 3 octobre 2010

Des volcans indonésiens

Voilà une dizaine de jours que nous sommes au Vietnam, et il y a tant de choses à voir et à faire si différentes de celles de l'Indonésie, que, je l'avoue, je n'ai pas fait mon travail de blogueur !
Avant d'écrire sur les trois pays situés au nord du 8ème parallèle et qui formaient ce que l'on appelait, du temps de la colonisation française, l'Indochine, je voulais vous emmener faire le tour de quelques volcans que nous sommes allés voir en Indonésie. Nous n'en découvrirons plus d'autres dans la suite de notre voyage car nous avons quitté cette région du globe, où plusieurs plaques tectoniques se rejoignent, et créent ce que les géologues nomment une subduction.

                     Direction des mouvements des plaques lithosphériques en Asie du sud-est.

L'actualité récente, avec le réveil du Mont Sinabung sur l'île de Sumatra fin août après quatre siècles de sommeil, et l'actu plus ancienne marquée par les séismes meurtriers de décembre 2004, encore à Sumatra et ayant entrainé l'effroyable tsunami, et de mai 2006, cette fois à Java (http://fr.wikipedia.org/wiki/S%C3%A9isme_de_mai_2006_%C3%A0_Java) nous rappellent que l'Indonésie est un des pays où la dynamique interne de notre planète est la plus intense.

                       Restauration d'un temple hindouiste à Prambanan (Java) apres le séisme de 2006

Lors de notre séjour en Indonésie, 130 volcans y étaient signalés comme actifs *, activité non éruptive mais se traduisant par des émissions de vapeurs abondantes formant des panaches visibles de loin.

* http://www.activolcans.info/


Carte des volcans indonésiens
Ref : volcanodiscovery.com

Le premier ensemble de volcans que nous avons abordé était celui du Kelimutu sur l'ile de Florès, remarquable par ses trois cratères contenant chacun un lac dont la couleur peut changer selon les proportions des différents gaz émis. Lors de notre passage, deux étaient vert, l'un turquoise, l'autre émeraude,  le troisième était noir. Ces lacs sont probablement des concentrés de vitriol, c'est-a-dire d'acide sulfurique (a l'Ijen j'ai fait le test de lancer dans le lac de cratere un coquillage que j'avais dans mon sac, que pensez-vous qu'il est arrivé ?).



                                                        Cratères du Kelimutu, Florès

C'est à Java que nous avons gravi les flancs de deux volcans afin d'approcher le bord de leurs cratères et même d'y descendre : le Kawah Ijen (voir article suivant) et le Bromo, qui appartient à la caldeira du Tengger, comme aussi le Semeru, point culminant de Java.

                                                               Cratère de l'Ijen, Java

                                  Devant la caldeira du Tengger (Semeru, Bromo, ...), Java

L'ascension des volcans demande souvent de longues heures de marche à travers des forêts luxuriantes et chaudes ... Spectacle grandiose quand on atteint le sommet du rempart ! Le lever de soleil sur ces montagnes est également un moment sublime.


Cratère du Bromo, Java

Mont Semeru (en arrière plan) et Bromo (avec son panache de vapeurs)

Autour des volcans, il est connu que vivent beaucoup de villageois installant leurs cultures sur les pentes nourricières : caféiers, thé, tabac, cultures maraichères, ... : la terre volcanique est reputée généreuse même si elle ne fait pas forcément la richesse des populations.


                                                         Pentes cultivées du Bromo

Espérant les amadouer, de nombreux Indonésiens vouent aux volcans de véritables cultes. Les volcans de Bali sont sacrés et sont des lieux d'offrandes voire de sacrifices d'animaux, quand il faut atténuer les colères des divinités censées s'y trouver ...et naturellement ça ne marche pas souvent !
 
                    Mont Agung et cérémonie au temple hindou de Besakih, Bali

Les émissions de matières solides lors des nuées ardentes entrainent des dépots de cendres stratifiées qui contribuent à la construction du cône volcanique.


Les strates de cendres, vues de jeep, sur les pentes de la caldeira de Tengger

Les nuées ont de très nombreuses fois au cours de l'histoire, et même de la préhistoire (volcan Toba), provoqué destructions et victimes.

                                         Borobudur, monument bouddhiste du IXème siècle. 
                                                            A l'arrière plan, le Merapi.

Dégagement des cendres à Borobudur ayant enseveli le stupa 
(mission archéologique hollandaise de 1907)

Le grand stupa de Borobudur aujourd'hui.